Oui les quinolones sont utilisées chez les poissons depuis de nombreuses années. Il existe même quelques spécialité vétérinaires destinées aux poissons (donc avec AMM). Il y a quelques articles sur le site (dans la catégorie spécialités aquacoles) ... désolé mais la mise en page n'est pas bonne (on verra plus tard). Il s'agit
médicaments à base d'acide oxolinique et de la fluméquine.
L'acide oxolinique est une quinolone de première génération. Les quinolones non fluorées (acide oxolinique, acide pipémidique ... ) sont issues de l’acide nalidixique.
A cause de phénomène de résistance à l'acide nalidixique, de nouvelles quinolones ont été développées dès 1986. Il s'agit des fluoroquinolones (quinolone de deuxième génération). Elles possèdent un spectre d’action plus large que la précédente génération. Ce sont la ciprofloxacine, l'énoxacine, la fleroxacine, la fluméquine, la lomefloxacine, la norfloxacine, l’ofloxacine, la péfloxacine et la sparfloxacine ... Cette variété d’antibiotiques doit donc être réservé aux infections sévères chez l'homme ou l'animal.
Il existe aussi des quinolones de troisième génération (aussi des fluoroquinolones), dont quelques spécialités humaines (à base de levofloxacine) et vétérinaires. L'une des plus connue en médecine vétérinaire étant à base de marbofloxacine, avec AMM (pour le marbocyl) pour les bovins et les porcins.
Concernant le Baytril. Il s'agit d'un
médicament vétérinaire contenant de l'enrofloxacin, destiné à être utilisé par voie orale ou injectable chez les bovins ou porcins. Il s'agit donc d'une fluoroquinolone.
Concernant la norfloxacine. Il s'agit aussi d'une fluoroquinolone souvent utilisée en médecine humaine pour lutter contre les infections urinaires.
Pour avoir à l'esprit l'importante des l'antibiorésistance des bactéries envers les quinolones, voici un article intéressant :
"Profil de resistance aux antibiotiques des souches d’E.Coli dans les infections urinaires" (H. MITRI- F.ZRAIK AYOUBI)
Source :
http://www.atebba.org/mag3/infection_u.htmRESUME
1-Matériel et méthodes :
Les échantillons examinés sur une durée de six mois étaient de 1652 ECBU. 659 souches ont été sélectionnées après exclusion des Staphylococcus aureus et des Pseudomonas spp.
2-Profil des bactéries dans les infections urinaires
Sur les 659 souches ainsi sélectionnées, nous avons relevé près de 61% d’E. coli, 17% de Streptococcus, 4% de Staphylococcus, 6% de Protéus, 8% de Klebsiella et 4% d’autres BGN.
3-Résultats de résistance des souches d Escherichia coli aux antibiotiques
La résistance la plus importante des souches d’E. coli s’est exprimeé vis à vis de l’amoxicilline et des céphalosporines de 1ère génération (88%). La résistance à l’amoxicilline-clavulanate (augmentin) était aussi importante (63%). La résistance aux quinolones atteignait 25% pour la pefloxacine et 10% pour la ciprofloxacine, alors que l’E. coli est un germe réputé pour être pratiquement toujours sensible aux quinolones. Le taux de résistance au cotrimoxazole (bactrim) était de 44%. Les céphalosporines de troisième génération et l’amikacine montraient peu de résistance (3% et <1% respectivement). Depuis l’avènement des antibiotiques, l’exposition croissante des bactéries à ces médicaments a favorisé la sélection de souches bactériennes résistantes aux agents antiinfectieux. Dans les pays occidentaux, ceci a requis la mise en place d’observatoires de la résistance bactérienne aux antibiotiques. Dans cet objectif, une étude a été menée au Liban nord, afin d’étudier le profil des germes recueillis dans les prélèvements urinaires en pratique courante, et en particulier la résistance aux antibiotiques des souches d’Escherichia coli
MATERIEL ET METHODE
Deux laboratoires hospitaliers : Al-Koura et Monla ont participé à cette étude. Chaque laboratoire a fourni ses propres données d’ Etude Cyto-Bactériologique des Urines (ECBU). Les méthodes de culture et d’identification sont équivalentes dans les deux laboratoires.
Bactériologie
Le protocole de culture incluait des milieux de culture standards selon les normes de la société française de bactériologie clinique (SFBC). La méthode d’identification était à chaque fois phénotypique et se basait sur des critères biochimiques et métaboliques. La sensibilité aux antibiotiques était déterminée dans les deux laboratoires selon les standards et les recommandations (lecture interprétative) du comité de l’antibiogramme de la Société Française de Microbiologie (SFM).
Epidémiologie
En complément des résultats bactériologiques provenant de l’antibiogramme, chaque laboratoire a fourni pour chaque patient les données concernant le sexe et l’origine hospitalière ou ambulatoire du prélèvement urinaire.
ANALYSE DES DONNEES
Les échantillons examinés sur une durée moyenne de six mois étaient au nombre de 1652 ECBU. Après exclusion des ECBU stériles ou contaminés et des souches nosocomiales (Staphylococcus aureus et Pseudomonas), nous avons sélectionné 659 souches bactériennes.
*analyse en fonction de l’âge
Le laboratoire Koura a été le seul à recenser le pourcentage de prélèvements urinaires chez des enfants : 11.9% des échantillons examinés étaient recueillis chez des enfants de moins de 12 ans.
*analyse en fonction du sexe
L’analyse en fonction du sexe montrait une nette prédominance du sexe feminin dans les deux laboratoires : 58 et 64%.
*analyse en fonction de l’origine
Environ la moitié des ECBU provenait de patients hospitalisés. Quelque soit l’origine hospitalière ou ambulatoire, les souches recueillies ont été traitées de la même manière.
RESULTATS
L’analyse interprétative des urocultures était faite en fonction de la cytologie et de la clinique. Les critères de sélection cytologiques et bactériologiques des deux laboratoires sont basés sur le concencus suivant pour sélectionner les souches supposées pathologiques: - Leucocyturie > 10*4 cellules/ml - Numération des germes > 10*4 UFC/ml à l’exclusion des enfants et des femmes enceintes (dans cette population, la dissociation cytologie-culture est fréquente). Les cas de recidive n’ont pas été examinés. La résistance aux antibiotiques n’a été menée que sur des souches d’E. coli.
*Profil des bactéries dans les infections urinaires
Sur les 659 souches ainsi sélectionnées, nous avons relevé près de 61% d’E.coli, ce qui corespond à un pourcentage intermédiaire entre celui des souches d’E. coli habituellement recueillies en milieu hospitalier (50%) et celui des souches d’E. coli recueillies en pratique de ville (80%). (tableau I) (Figure I). En comparant le profil des souches recueillies dans nos laboratoires au profil décrit le plus souvent dans la littérature, nous avons relevé une seule discordance : le pourcentage des Streptocoques et en particulier celui des streptocoques du groupe D était plus élevé dans notre étude (17% contre 7%) (Figure I).
*Résistance aux antibiotiques des E.coli urinaires
Le pourcentage de résistance le plus bas a été retrouvé pour l’Amikacine (< 1%) et pour les Céphalosporines de troisième génération (3%). Le cotrimoxazole (bactrim) présentait une résistance de l’ordre de 44%. Les taux de résistance qui paraissent les plus alarmants sont le pourcentage de résistance à la pefloxacine qui avoisinait 25% des souches, alors que l’E. coli est un germe réputé pour être pratiquement toujours sensible aux quinolones. La résistance à la ciprofloxacine était aussi alarmante (10%). Les taux records étaient retrouvés avec l’amoxicilline et les céphalosporines de première génération (88 ) même l’augmentin a un taux de résistance de 63% (Figure II).
DISCUSSION
Nous avons comparé nos résultats à une étude française multicentrique récente, le taux de résistance était comparable uniquement pour l’amikacine (<1%). Par contre nos souches paraissent plus résistantes vis à vis des autres antibiotiques: 3% contre 1% pour les Céphalosporines de troisième génération et 8% contre 2% pour la gentamicine L’acide nalidixique (quinolone de première génération), antibiotique urinaire par excellence, s’est avéré très résistant dans notre étude (48%). Même les quinolones de la nouvelle génération montraient une résistance alarmante: 10% pour la ciprofloxacine et 25% pour la pefloxacine, alors que dans les études internationales l’E. coli montre peu de résistance à cette famille d’antibiotiques. En ce qui concerne les Beta-lactamines : l’amoxicilline, les céphalosporines de première génération et l’augmentin, nos souches apparaissant 2 fois plus résistantes (Figure III) ... Enfin ces résultats ont été comparés aux résultats des études de résistance aux antibiotiques publiés par le laboratoire de microbiologie de l’Hôtel Dieu de France (HDF) : nos résultats paraissent très comparables à ceux de l’HDF, à l’exception du cotrimoxazole où le taux de résistance paraît plus important (58% contre 44% chez nous). Pour la résistance à la pefloxacine et la gentamicine les taux étaient supérieurs aux nôtres. Pour l’amoxicilline et l’augmentin, les taux étaient légèrement inférieurs (Figure IV).
CONCLUSION
Nous souhaitons que ce travail puisse s’inscrire dans le cadre des études à caractère bactério-épidemiologique qui permettent de suivre la tendance évolutive de la résistance bactérienne aux antibiotiques. On note le peu d’études locales effectuées dans ce cadre. L’analyse de nos souches urinaires d’E.coli indique une résistance très importante aux b-lactamines à l’exception des céphalosporines de troisième génération. D’autres molécules notamment les quinolones, montrent une résistance plus importante que celle trouvée dans les publications internationales. Il serait nécessaire de mener des enquêtes épidémiologique plus larges à caractère clinique et bactériologique, pour dégager des facteurs de risque d’infection par des souches de sensibilité diminuée aux antibiotiques.
REFERENCES
1.Bergogne-Bérézin E. Diffusion des bactéries multirésistantes. L’Eurobiologiste 2000 ; 34 : 97-102.
2.Comité de l’antibiogramme de la Société française de microbiologie Communiqué 1999 ; Pathol. Biol. 1999 ; 47: 845-72.
3.Maladies infectieuses (PiIi).
4.Pean Y, Goldstein FW, Guerrier ML, De Bels F. Sensibilité aux p-lactamines des bactéries isolées en ville et à l’hôpital au cours d’une étude multicentrique francaise. Antibiotiques 1999 ; 1 : 165-70.
5.Soussy CJ, Duval J, Courvalin P. Résistance aux antibiotiques chez Escherichia coli : états actuels et nouvelles acquisitions. Med. Mal Infect 1988 ; 1 : 29-36.
6.Soussy CJ, Cacallo JD, Courcol R, De Bels F. Sensibilité aux antibiotiques de souches d’Escherichia coli isolées en 1998 et 1999: résultats d’une enquête multicentrique française. Med. Mal Infect 2000 ; 30: 650-56.
En conclusion : il faut réserver les quinolones de dernières générations pour les infections sévères ou pour la médecine humaine !